Commençons par un peu de géographie. Bodhgaya se situe au coeur du Bihar, un état du nord-est de l’Inde. C’est un état très densément peuplé mais aussi très pauvre. Constitué de grandes plaines parsemées de collines boisées, il formait le cœur de l’ancien royaume de Magadha, où sont nées les grandes traditions du bouddhisme et du jaïnisme.
Bodhgaya est bien connue des bouddhistes du monde entier. Elle fait partie des 4 lieux les plus saints de cette tradition (avec Lumbini, Sarnath et Kushinagar). C’est ici que, au 6ème siècle avant notre ère, Siddharta Gautama a atteint l’Eveil et est devenu celui qu’on appelle aujourd’hui le Bouddha Shakyamuni (lit. Sage des Sakyas). De cette époque, il reste un arbre, le fameux arbre de la Boddhi, sous lequel Siddharta atteignit l’Eveil (l’histoire dit aussi qu’il s’agit d’une bouture de la bouture originelle qui avait été amenée au Sri Lanka… mais nous sommes quand même au bon endroit !)
Le premier temple fut construit par l’empereur Ashoka au 3èmesiècle avant notre ère puis reconstruit de nombreuses fois. Il est abandonné lors des invasions musulmanes successives à partir du 12ème siècle. Après une première reconstruction par les birmans au 13ème siècle, il retombe en désuétude et ne retrouve de sa superbe qu’à la fin du 19ème, après avoir été redécouvert par l’anglais Alexander Cunningham. Il est classé au patrimoine mondial de l’Unesco depuis 2002 et accueille aujourd’hui une multitude de pèlerins de toutes origines. On y croise dans un ballet incessant les robes bordeaux des tibétains, celles oranges d’Asie du sud ou grises du zen, les laïcs tout de blanc vêtus. La litanie des sutras tourne en fond sonore, rythmant les offrandes d’eau et de fleurs, comme les inlassables prosternations.
Sa mise en valeur continue, avec notamment un très beau projet de mise en lumière porté par la Vana fondation et la Khyentse fondation (plus de détails ici : https://www.lightingthemahabodhi.in).
On peut y mesurer la diversité de cette grande tradition dans ses rituels et ses représentations. De nombreux monastères se sont construits, chacun dans le style de son pays d’origine : on voyage ainsi entre tentures tibétaines, dorures thaïlandaises et sobre japonais en quelques centaines de mètres.
Bodhgaya est rarement sur les itinéraires des voyages en Inde. Nous ne sommes ni au Rajashtan, ni en Inde du Sud, et pourtant ! Les pèlerins traversent des montagnes et des océans pour venir ici, inspirons nous de leur enthousiasme et goûtons avec eux la joie d’être sur ce lieu hors du commun.
Donc un seul conseil : faites le détour à Bodhgaya, et profitez-en pour explorer la campagne alentours et découvrir Rajgir et Nalanda !
Pour plus d’informations :
- un autre regard ici : https://www.matthieuricard.org/blog/posts/bodhgaya-le-trone-de-diamant-de-l-inde
- et plus de détails techniques sur le site du patrimoine de l’Unesco : https://whc.unesco.org/fr/list/1056/